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Tout commence par l'observation et l'écoute,
l'imprégnation.
Dérives, déambulations au gré du vent, parcours
systématiques.
Investir du temps au profit du hasard, de l'émerveillement.
Prendre des notes, croquis, lectures. Ecouter les bruits, les discours,
les commentaires, les souvenirs. S'immerger dans l'habitude qui
s'installe, se laisser approprier. Imprégnation silencieuse
par l'insistance.
Découvrir un bout d'Histoire dans le bâti, une identité
cachée dans l'agencement d'un intérieur... Observer,
aux coins des rues ou sur un banc, le poids des décisions
politiques et/ou économiques qui structurent notre vi(ll)e
au quotidien, la façon dont les gens se les approprient et
dont ils s'en accommodent. Rencontrer ces habitants qui voient la
ville évoluer, ceux qui la parcourent, parfois sans la regarder.
Chercher des problématiques, sonder les fondements, les progressions,
les dysfonctionnements...
Toutes ces considérations, basées sur l'architecture
et l'urbanisme, m'inspirent des réflexions, des questions,
des besoins de dialoguer. La création s'installe dans cette
réalité pour la surprendre, la révéler.
Elle détourne l'ordinaire pour créer des décalages
et donner ainsi à voir l'existence de notre société
et l'irruption d'une violence dont nous sommes, confortablement
installés chez nous, trop souvent tenus à distance.
Nécessité de dénoncer l'apparente réalité,
de provoquer des situations, d'engendrer des formes qui sont autant
de sources de réflexions et de rêveries offertes à
tous.
L'œuvre, prétexte à la rencontre, vient se placer
à la vue de tous : elle s'installe le plus souvent dans la
rue (dispersée dans l'espace ou dans le temps). Elle s'insère
dans un espace social qu'elle s'efforce en même temps de déstabiliser.
Car c'est bien dans le lieu lui-même que
peut s'inscrire la forme qui va révéler ou démentir
son existence, et, avec lui, toute la dimension urbanistique et
architecturale de son environnement.
Le temps passé à l'immersion dans le territoire donne
plus de justesse à mon propos et permet à l'œuvre
d'être plus cohérente auprès du public.
Ces œuvres se réclament ainsi de "l'art
public" (parler du quotidien, penser le public dans
la création, installer les œuvres en extérieur).
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